Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
54620 DEFENSE D'AFFICHER

  LES MURS MURMURENT

utopie

Publicité
Archives
26 février 2020

Acte 67 : jaune nord.

 

GJlille22022020 (7)

Samedi 22 février, il ne fait pas encore jour quand je traverse la rue Lafayette vers la Gare du Nord, TGV à 7h42 changement à Arras, arrivée en TER à Lille Flandre à 9h46. J’ai sélectionné ce trajet plutôt qu’un TGV direct en fin de matinée craignant un éventuel comité d’accueil sur place. Devant la maison penchée je trouve un marcheur du samedi qui attend son covoiturage également vers le nord. Nous nous saluons et nous donnons rendez-vous à midi place de la république à Lille.

Romy, petit sourire et bras croisés m’accueille à la sortie de la gare. On ne peut la manquer, elle est toute jaune ! pas jaune gilet plutôt jaune PTT. Cette couleur chaude se décline en beaucoup de nuances, jaune citron, jaune melon, jaune moutarde, jaune d’œuf, jaune vanille etc… Un nouveau jaune a fait son entrée tonitruante dans le camaïeu : le jaune gilet devenue aussi célèbre que le maillot jaune tour de France. Depuis gamin cette couleur est ma préférée, surtout le 386, je vous laisse chercher duquel il s’agit.

Peu de monde autour de la gare, les brasseries en face sont vides, les piétons sont peu nombreux sur la rue Faidherbe une célébrité locale qui trône à cheval place de la république.  Les SDF de la rue Molinel se réveille et essayent de se réchauffer emmitouflés dans leurs couvertures de survie, jaune.

Dans un PMU un client accoudé au comptoir boit son café, un gilet jaune dépasse de son petit sac à dos posé sur le zinc. J’entre, lui serre la main, il est monté depuis Lyon. Nous marchons ensemble en direction de la place de la république. Au passage Faidherbe sur son cheval nous salue de son sabre, mais de l’autre côté du boulevard de la liberté sur la place de la république les policiers nous attendent. Ils ne sont pas encore nombreux à cette heure, ils s’équipent en enfilant leur armure.  Midi n’a pas encore sonné. La petite centaine de gilets jaunes du ch’nord s’activent au stand de solidarité, le café étant épuisé je compense avec un chocolat chaud car l’air est frais.  Par curiosité je retourne à la gare pour l’arrivée du TGV parisien de 11h48, seulement trois policiers n’ont contrôlé qu’un seul passager. Romy n’a pas bougé, et à ses côtés des touristes font des selfies, aussi célèbre que Faidherbe mais plus photogénique.

14h00. La place de la république est à moitié jaune, l’équipe de reportage RT monte son matériel, les forces de l’ordre ont pris place, les manifestants se regroupent. Je me suis placé un peu en retrait, à l’extérieur, non par précaution mais pour avoir un point d’observation différent, juste sous le général Faidherbe qui du haut de son cheval possède une bien meilleure vue et pourrait prendre le commandement de l’affaire.  

 Soudain une policière donne l’alerte, lance ses ordres à la troupe qui se ruent vers moi, passe sous le général qui reste stoïque sabre à la main. Une rumeur de 300 parigots, chiffre selon moi peu probable, nassés aux alentours de la gare s’est répandu. Jérôme Rodriguez en serait.  Une horde sauvage de gilets jaunes est sorti de la souricière et franchi le boulevard de la liberté. Ils se sont engouffrés dans les rues commerçants peu sécurisées à la rescousse des leurs.  Après une petite poursuite, sans lacrymo et sans matraque le calme est revenu.

Je reconnais beaucoup de visage des boulevards parisiens. D’autres se dissimulent sous des bandanas noirs ce qui présage de l’animation. En effet, les noirs cachés dans les jaunes se sont regroupés et le spectacle commence. Les premiers projectiles atterrissent dans les jambes des policiers. La réplique est donnée, grenade et lacrymo mais pas de matraquage. Les deux camps ne vont pas au contact. Le long du parcours plusieurs barricades seront démantelées par la force aussi rapidement qu’elles furent dressées par l’autre camp. La méthode est toujours la même, les policiers reculent, laissent faire et ensuite boum boum tir de lacrymo et de grenades de désencerclement.

« Medic, Medic » A chacune de ses parades il y a au moins un manifestant à terre, ce qui d’ailleurs inquiète peu les policiers dans leurs actions répressives. Boulevard Victor Hugo après 10 minutes d’un échange plus violents les bleus ont leur trophée : La banderole des antifs. Dans la lutte une jeune femme qui essaya courageusement de la défendre fut arrêtée.  

Retour place de la république, retour du calme.

Pas de gros débordements, doit-on y voir une gestion différente des forces de l’ordre ?  

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité