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54620 DEFENSE D'AFFICHER

  LES MURS MURMURENT

utopie

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5 novembre 2019

Gilets jaunes 2 novembre 2019 : écoutez le monde changer

 

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Acte 51

La place d’Italie est si grande que lorsque je suis sortie du mauvais côté je n’ai ni vu ni entendu les gilets jaunes. Pour un peu j’allais faire demi-tour et les attendre dans mon quartier, la gare du nord étant la destination finale de ce samedi 2 novembre 2019, bientôt un an.

Ils sont là, même si Macron ne le veut pas ils sont là, pas nombreux mais la couleur se voit de loin. Même drapeaux portés par les mêmes personnes, les pancartes suivent l’actualités politiques, les réforme retraites et chômage font les titres.  Je serre des mains et rentre dans une boulangerie, je m’autorise un pain aux raisins les samedis marqués d’une croix sur l’agenda démosphère. Les gilets jaunes sortent des bistrots, les uniformes bleus des voitures de police.

C’est l’heure : Porte voix, sifflets et un fumigène lancent le départ de la 51eme.  

OH Macroooon OH tête de cooon  on’ira te chercher chez tooooi ………..  clament avec ardeur les manifestants en agitant les bras vers le ciel. Je n’apprécie pas cette vulgarité. En 1792 la célèbre carmagnole avait plus de contenu, faudrait y réfléchir les copains. Je ne pense pas que le président soit inquiet dans son palais, la rue du faubourg St Honoré est bien gardée. Il a sa disposition une équipe de cerveaux obéissant comme une intelligence artificielle. Depuis un an ils dissèquent le mystère gilets jaunes. Fouquets et Mercedes en flamme n’auront pas le même présage que des poubelles renversés rue de Belleville. L’arc de triomphe profané ! Très bon, ces crèves la faim ne respectent pas la glorieuse France, hurlent les gaullistes, nationalistes et Zemmour se frotte les mains. Vive l’Empereur.

Faites attention même si BFM annonce l’étouffement des gilets jaunes et leur dégringolade de popularité dans l’opinion. C’est vrai qu’ils sont descendus de centaines de milliers à des centaines tout court. Méfiez-vous de cette opinion instable et silencieuse, elle pourrait se réveiller subitement. Les sachants ne peuvent pas tout savoir, avec la convergence gilets jaunes et rouges leurs cerveaux risquent de bugger :  erreur 404 à l’écran.

L’acte 2 du gouvernement Philippe patine, en bruit de fond l’opinion s’impatience, il arrive quand le nouveau monde ?  C’est la faute à Jojo le gilet jaune ! Trop simplet et mal adapté il ne comprend pas la transformation du monde, la startup nation Macronisée. Si tu ne parles pas le HTML  t’es foutu. Voyons mesdames et messieurs des ministères ils vous arrivent de traverser la rue et boire un coup au bistrot avec des gens de la vraie vie ? Ceux qui ne verront jamais un nombre à 5 chiffres sur leur compte courant, à 4 chiffres déjà ils sont riches. Il faudrait que vous le sachiez. C’est pas souvent que j’utilise le subjonctif, le mode grammatical contrastant avec l’indicatif.   Travailles consommes et fermes ta gueule, c’est de l’indicatif.

Nous sommes très encadrés par les forces de l’ordre qui ont appris la leçon de l’acte 50  : personne n’entrera ou ne sortira du troupeau sans laisser passer. Ces marcheurs emmurés de boucliers me font, un court moment, penser à un transfert de prisonniers sans chaines. Cette image des bagnards s’efface rapidement, les gilets jaunes sont joyeux et farfelus, j’ai compté 4 jokers dans le défilé.

Leurs revendications ont changé en un an, plus inquiétantes pour les sachants. Ils ne veulent plus un pognon de dingue, ils demandent de la participation, de la justice sociale et fiscale et plein d’autres trucs qui à mon avis les rapprochent des partis politiques et syndicats. Les gilets jaunes deviennent politiques, malgré eux peut-être mais c’était inévitable. Ces subissant veulent décider autrement qu’avec des élections pièges à con.

Place de la république le jaune des drapeaux kurdes s’ajoutent à celui des gilets, un instant seulement, chacun sa bataille, chacun ses armes. Boulevard de Magenta les encadrants resserrent les rangs,  une seule voie de circulation est passante. Les gilets jaunes sont une attraction touristique, pas aussi célèbre que le moulin rouge ou Amélie Poulain car aucune vedette n’a encore enfilé leur couleur, cela n’empêche pas les passagers en haut des bus open de les photographier.  

Boulevard de Denain, fin du parcours de solides barricades solides sont dressées, un rempart de fourgons policiers tôle contre tôle interdit le passage à la gare du Nord. Une seule sortie est tolérée, la station de métro qui forcément communique avec la gare. Forcément. Des rumeurs se répandent dans les récalcitrants restés sur le boulevard. D’autres vont arriver en renfort, de la république et ceux qui ont livré bataille devant le siège de C news. On murmure, on attend.

La fête continuera gare du nord.

Les habits jaunes sortent des sacs et sont brandis à bout de main dans l’immense hall des voyageurs. Panique chez les bleus, situation difficile, la milice SNCF protège les voies, le maillon faible du rail. La police des frontières interdit l’accès à la zone eurostar. Les CRS enlèvent manu militari quelques individus choisis selon des critères que je ne connaitrais jamais. Mais c’est évident, les gilets jaunes restent sages, ne saccagent rien, ne menacent personne. C’est à peine si les voyageurs les remarquent, personne n’a peur.

La police a compris qu’il fallait mieux qu’ils déguerpissent, au revoir à samedi prochain.

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